Le Mas Saint André, une histoire de famille
En 1964, mon papa, alors œnologue en Algérie et en congés réguliers, vient accompagner sa famille pieds-noire de retour en métropole. Il rencontre ma maman à
Mouriès. Ils se marient et décident de s’installer avec le frère de mon papa sur une exploitation agricole à Saint Martin de Crau, pour faire du maraîchage sous serres,
mode de culture tout à fait novateur à l’époque.
Tout est à construire, les appartements pour vivre, mais aussi les structures de serres, car la ferme était au préalable dédiée à la production de foin de Crau, et à l’élevage
ovin.
Pendant des années le mode de production intensif est de mise.....Il faut produire pour nourrir la planète.....tomates, melons, salades à grande échelle poussent sur
l’exploitation. Au décès de mon oncle, mes parents réduisent la voilure, mais les années sont difficiles.
Après mes études, en biochimie et BTS agricole, j’avais bien envie d’aller voir ailleurs ce qui se passait......oui mais ça s’était sans compter sur le destin qui m’a un petit peu
poussé à m’installer . « Tu t’installes ou on vend tout »......Eh oui pas facile d’être fille ou fils de paysans à cette époque-là.....mais j’étais née sur le m'as, et la terre me
collait aux pieds et j’aimais (j’aime toujours d’ailleurs), ce coin de paradis dans lequel je vis.
Alors je me suis installée sur un petit morceau de terrain que me louaient mes parents.
Je rencontrais alors mon ex-mari, qui me rejoint sur la ferme pour travailler. Mais les années étaient difficiles, mon papa usé, et près de la retraite.
En 1996, nous rachetons à mes parents la ferme et l’EARL le Mas Saint André naissait. Nous restons alors sur des cultures traditionnelles, tomates courgettes l’été, et salades
en intensif l’hiver . Le mode de production est conventionnel, engrais et traitements chimiques sont de rigueur. En 2000, nous prenons conscience que nous contribuons à la pollution de la planète en continuant de la sorte.
Alors le virage commence à se dessiner :implication syndicale, lutte biologique l’été, introduction des engrais organiques sur les cultures de salades l’hiver.
Mais aussi au niveau commercial, introduction en 2005 de la vente en circuits courts sur 4 marchés. Mais comme la vie n’est pas un long fleuve tranquille, en fin 2006, mon ex-mari, du jour au lendemain décide d’aller voir ailleurs si l’herbe n’est pas plus verte....
Je me retrouve donc avec trois enfants à élever, une exploitation en difficulté suite au départ de mon ex-mari et plein de responsabilités.
Donc que faire ????? L’envie du bio me tarabustait depuis quelques années sans pouvoir toutefois l’appliquer, n’étant pas seule décisionnaire. Alors je franchis le pas :réduction de la voilure, demande de la certification biologique en septembre 2007 (obtention en septembre2009), abandon de tous les engrais et traitements chimiques, lutte biologique totale,vente à 100% de la production en circuits courts au début sur les marchés de détail et sur un marché paysan. En 2007 je commence quelques paniers hebdomadaires sur Arles, et je contacte les Paniers Marseillais pour commencer l’aventure des paniers hebdomadaires.
En novembre 2008 je commence mon premier panier sur Marseillle à la Fourragère. En fin d’année suivante ouvrira Elemir toujours sur Marseille. Mi-2008, j’abandonne les marchés traditionnels pour ne garder que le marché paysan de la Gavotte, et toute l’exploitation est tournée vers le bio et la vente directe.
En 2011, puis 2013, deux groupes nous rejoignent : Entressen et Simiane, et pour finir en 2015 Saint Victor complète les arrivées. Toutes ces évolutions ont permis de pérenniser l’emploi sur la ferme et même de ledévelopper par l’embauche supplémentaire d’une personne. D’un salarié en CDI et deux saisonniers en 2008, nous sommes passés à 2 employés en CDI et 2 saisonniers en 2015. Fathia, Berramtane et Mahjoub (qui nous quittera prochainement pour une retraite bien méritée), travaillent avec moi depuis plusieurs années et sont mes bras droits. Zahia a rejoint l’équipe cette année . Toutes les décisions sont prises en commun et on peut dire qu’il s’agit d’une ferme familiale. Je n’aime pas du tout le clivage patron/employés, il n’a pas lieu d’être sur une structure comme la notre.
Voilà un peu de mon histoire, comparable à celle de beaucoup de paysans, avec ses souffrances, mais aussi ses satisfactions quotidiennes. Les paniers sont une satisfaction de chaque jour. Le but : vous satisfaire en m’enrichissant de vous côtoyer toutes les semaines, tout en pérennisant la ferme.
Le bio c’est pour moi la façon de conserver à nos enfants cette terre qui nous a été confiée et de la leur rendre propre comme au premiers jours(si cela est possible),et de
contribuer à vous apporter une alimentation saine ,du moins c’est mon souhait le plus cher.
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